On est donc prêt, je rempli un dernier bidon de flotte que je pose devant l’escalier … puis je me ravise je connais ma bande de loustic, il y en a forcement un qui va descendre ce foutu escalator sans voir qu’il y a un bidon devant, donc je déplace celui ci afin d’éviter ça … ça fait quelques mois qu’il nous laisse peinard, pourvu que ça dure, et ça dure … 3 minutes ! Morgane ouvre l’escalier, celui ci se pose sur le bidon, le moteur force et la goupille casse ! Qui a eu le temps de déplacer ce foutu jerrican dans mon dos ? La question restera sans réponse par contre on sait bien qui va passer une bonne heure sous le camping car à réparer !
On quitte Sucre, on fait le plein d’essence et c’est parti pour 2 journées de route pour rejoindre Samaipata. Une première centaine de km de belle route puis 40 autres d’une piste plus que moyenne. Les ornières sont tellement grosses qu’on ne peut rester sur notre voie. Arrivés à Aiquile, il faut choisir entre la route directe via Saipina ou la route plus longue, au nord, par Totora. Renseignés par les Syselema et les Akili sur les difficultés de la route directe, on joue la sécurité, on prend la route pavée coloniale vers Totora. Fin d’aprem on s’arrête pour la nuit dans un tout petit village communautaire, près de l’école et du terrain de sport. Les enfants en profitent pour aller se défouler et je replonge sous le CC pour le changement de goupille … ça faisait longtemps j’en avait presque oublié la procédure ! Au petit matin les écoliers arrivent un à un, tous intrigués par notre présence … on attend un peu dans l’espoir de rencontrer un ou une instit et éventuellement faire une petite visite des classes pour Lukas et Hugo. Malheureusement, 9h30 toujours pas de prof en vue, on a encore un bon bout de route à faire, du coup on lève le camp. A midi nous sommes à Epizana, on déjeune rapidos dans un petit resto et c’est reparti pour 120 bornes de pistes. ça monte, ça descend, des cailloux, des trous, des dévers, de la tôle ondulée, beaucoup de poussière … bref on déguste ! 16h30 les paysages de montagnes arides laissent place à une forêt luxuriante, à l’humidité, au brouillard. On fait un stop à El Churo pour un péage improbable à cet endroit ? Sans doute la contribution pour l’entretien de la route !
Allez plus qu’une trentaine de bornes avant de rejoindre l’asphalte. Mais à peine 5 km plus loin les “clac clac” dans le châssis reviennent subitement, on stoppe immédiatement ! Il est 17h, on est sur une piste montagneuse, dans le brouillard ! On fait quoi ? Bah on se gare comme on peut sur le bas coté, on sort les triangles de signalisation, les gilets fluos et un dessin animé pour les enfants. On retente un graissage d’essieu ! Cric à gauche, cric à droite, on commence à être affûté sur le levage du CC ! On roule quelques centaines de mètres, mais ça n’a rien changé ! Dur dur pour le moral, on est au milieu de rien et il fait déjà nuit. Ne sachant pas exactement à combien de km est le prochain village on fait demi tour et on cherche un stationnement plus sécurisé pour passer la nuit. Après 2 ou 3 km au ralenti on trouve un dégagement … va falloir essayer de dormir un peu, il fera jour demain ! Réveil difficile en ce mardi 6 aout, jour de la fête national bolivienne. On retente un ultime graissage … il y a un léger mieux, du coup on rejoint tout doucement le petit village d’el Churo. Ouf on y est, on stoppe là et on se renseigne sur les solutions qui s’offrent à nous … bon autant vous dire qu’elle sont pas nombreuses (les bonnes) et nous sommes à mi chemin entre Santa Cruz et Cochabamba, 2 grandes villes boliviennes. Heureusement il y Fran le préposé du péage qui tout de suite nous aide. On aimerait aller sur Cochabamba où nous avons l’adresse d’un très bon garage. Voila les options :
1 – Fran a le numéro d’une dépanneuse sur Santa Cruz. Le gars peut venir et nous amener où on veut … c’est juste une histoire de budget !
2 – Se faire tracter … mais pas possible car on souhaite préserver essieu et amortisseur
3 – Attendre la nuit suivante car de nombreux camions passent … avec un peu de chance il y aura un plateau … mouais ! on peut attendre des jours !
4 – Il y a le cousin de la petite dame d’à coté qui a un camion et qui habituellement transporte du poulet pour les abattoirs. Il pourrait démonter la partie haute pour que le CC passe et ensuite on voit ce que ça dit … euhhhh ??? Coup de bol il n’était pas dispo.
5 – Je pars en stop jusque la prochaine ville pour trouver une solution sur place et Morgane attend au village avec les enfants …. bof résultat non garanti !
Bon on opte pour le choix 1, le plus raisonnable. Il est à peine midi lorsqu’on l’appelle, il devrait être là vers 18h ! On lui reprécise la taille et le poids de notre engin: “no problemo, no problemo” … Il n’y a plus qu’à prier pour que se soit vrai. On s’occupe comme on peut le reste de l’aprem, les enfants jouent sur le tas de sable d’à coté avec leurs voitures, ils aident Fran dans son boulot : tirer sur la cordelette qui sert de barrière de péage, bref tout un programme pendant que Papa et Maman tergiversent toujours, plein d’appréhension pour les 24h à venir. Vers 16h on a la bonne surprise de voir arriver Vladim, Camille et leur chienne Pépa que nous avions rencontrés à Salta. On leur conte nos mésaventures autour d’un café puis finalement on parle de nos routes respectives depuis Salta …. cool, ça nous fait beaucoup de bien de parler et de penser à autre chose pendant 2h. Ils ne peuvent malheureusement pas grand chose pour nous et ils poursuivent leur route. 18h toujours rien en vue et le ballet des camions commence.
20h la dépanneuse est là. Première bonne nouvelle le camion à l’air clean. On discute un peu avec Nelson le chauffeur pour voir comment il veut faire : il nous propose d’attendre 21h qu’il y ait moins de circulation pour charger le camping car, de dormir un peu sur place et de prendre la route à 5h le lendemain. Effectivement vue l’état de la route qui nous attend on préfère faire le trajet de jour et qu’il dorme un peu ! Le temps de préparer une petite collation pour Nelson et Fran, le flux des camions a diminué et on va pouvoir se coller au chargement de la bête. Nelson descend le plateau … au vue de l’angle je suis sceptique ! Le porte à faux va forcement toucher … bingo ! et ça ne touche pas qu’un peu on va y laisser la salle de bain ! On tente de trouver des cales pour les roues arrières mais ça ne suffit pas. Fran nous indique une ruelle en pente un peu plus bas. Allez c’est parti ! On devient vite l’attraction du village ! 2eme tentative c’est un peu mieux mais on touche toujours. On remonte un peu plus dans la pente pour le troisième essai, c’est juste mais avec 2 ou 3 cales ça passe, on est dessus ! Les 3,40m du CC + les 1,20m du plateau de la dépanneuse ça fait haut ! Commence maintenant l’arrimage ! Le gars Nelson sort les chaines pour l’avant et l’arrière et ça semble lui suffire. Je suis beaucoup plus inquiet, un arrimage latéral me semble indispensable, les bosses sur la route risquent de balloter le convoi : 2 sangles à cliquet de chaque coté du châssis, on ne peut pas faire beaucoup plus …. on se rend compte qu’il n’y a pas grand chose de prévu sur le camping car pour un arrimage de la sorte, bref, on verra demain. On a encore 2 spectateurs bolivien, des jeun’s en mobylette. Ils m’approchent et me demande si je veux pas leur vendre ma lampe frontale ??? Désolé les gars mais celle ci je la garde, trop important ! Déjà 23h30, il est temps d’aller essayer de poser les yeux quelques heures, la journée de demain risque d’être éprouvante … notre premier bivouac posé sur une dépanneuse !
Réveil à 4h30, on refait le tour et 5h00 on décolle. Les premiers km sont plus que stressants, on descend une mauvaise piste et il fait encore nuit. La maison bouge beaucoup derrière nous, on a les yeux rivés dans les rétros ! Heureusement notre chauffeur est très prudent et on s’arrête toutes les 20 minutes pour retendre les chaines et les sangles. Nous mettrons 6h pour faire la petite centaine de km de piste et à 11h on est à Epizana. C’est un premier soulagement, on est entier et les prochains 150 km qui nous séparent de Cochabamba sont asphaltés. Le camping car bougera beaucoup moins et les amarres resteront bien en tension sur cette partie. 15h on y est, on trouve rapidement un endroit qui fera office de quai de déchargement, une dernière grosse montée d’adrénaline lorsque Nelson ne pourra éviter un trou en se mettant “ à cul” , la maison se balance de gauche à droite et vue de l’extérieur c’est impressionnant. Aie, ça va cabaner ?! Quelques minutes plus tard la maison est de retour sur la terre ferme, on aura serré les fesses pendant une bonne dizaine d’heures et on aura donné à manger à notre ulcère !!! 16H30 on est au garage, on fait un petit tour pour écouter tout ça avec le chef d’atelier et rdv est pris pour le lendemain matin. On bivouaque dans la rue d’à coté. Jeudi on dépose le CC, ils vont commencer par chercher du coté des roulements, des freins … bref on les laisse et on part se changer les idées dans le centre. 14h30 on repasse, ils ont démonté, vérifié, regraissé, on refait le tour du pâté de maison mais rien n’a changé. J’insiste un peu pour que le chef d’atelier se place à l’arrière pour bien se rendre compte … quelques secondes suffisent, on rentre au garage, il fait démonter les amortisseurs … cette fois c’est définitif le gauche a lâché ! Aussitôt il amène son coursier à la recherche de la perle rare. 1h30 plus tard il revient avec 2 pièces et on n’ose y croire, il sont quasiment identiques … des amorto argentins pour Peugeot 405. Qu’importe, tant que ça fonctionne ! On essaye d’en acheter 2 supplémentaires, au cas ou, mais il n’y en a pas d’autres. 17h, nouveau tour de quartier et plus un bruit, cool ! 24h après notre arrivée au garage, on peut reprendre la route c’était quasi inespéré. Pizzas – frites – bières pour fêter ça !
Vendredi 9 aout on reprend la route vers l’est Bolivien, on va essayer de rejoindre San José de Chiquito environ 700 bornes plus loin et la Villa Chiquitana réputée pour être un petit havre de paix afin d’y fêter demain les 9 ans de Lukas. Stop dans une station service pour la nuit et samedi on redécolle à 6h du mat histoire d’éviter la circulation aux abords de Santa Cruz, la plus grosse ville du pays. Fin de matinée nous voila à destination, Lukas et Hugo ont les yeux écarquillés lorsque le portail s’ouvre … une piscine mais aussi un grand jardin tout vert, des transats, des hamacs ! Seul hic le temps s’est couvert et le vent rend le fond de l’air un peu frais, ce qui n’empêchera pas nos 2 zozos d’aller faire quelques plongeons. Nous sommes chaleureusement accueillis par Jérôme et Christelle couple de français propriétaire de l’établissement. Resto à midi et resto le soir. A l’heure du dessert Lulu souffle ses bougies et ouvre son dernier cadeau : ouah ! Une vraie canne à pêche avec un vrai moulinet ! Il en rêvait mais l’objet restait introuvable en Bolivie. Il aura fallu notre rencontre fortuite avec Camille et Vladim pour en trouver une … dans leur coffre. Ils ne s’en servaient jamais et nous l’on offert gentiment pour Lukas. Trop bien, merci les copains, ses yeux pétillaient en la découvrant, Jérôme l’ayant même autorisé à l’essayer dans la piscine de l’hôtel ! Une bien belle soirée ! Dimanche le soleil est de retour, ce sera farniente, hamacs, glandouillage … bref repos. Lundi on se bouge pas non plus et on en profite pour se promener dans le village et visiter sa magnifique mission jésuite.
Mardi matin direction Aguas Calientes, on stoppe au camping municipal. Une des plus grande étendue d’eau chaude d’Amérique du sud passe à quelques mètres de notre bivouac, l’eau est vraiment très chaude et en prime de petits poissons viennent te sucer les pieds … Morgane adore ! Le site est très prisé des Mennonites, sorte de mormons locaux ! Petit asado et dodo, on a encore du sommeil en retard. Mercredi on repart, aujourd’hui on passe la frontière brésilienne … 11 ans plus tard (voyage en sac à dos sans enfant à l’époque) !
(5450)
Salut les Bretonliviens!
Belle tranche de rigolade en vous lisant. C’est tellement bien écrit que je me revoyais dans les galères mécaniques et les explications en frangnol, à essayer d’expliquer un problème à un mécano bolivien… Que du bonheur! Un truc marrant, on avait péter un amorto avant sur la piste des missions jésuites. Les routes boliviennes….
D’ailleurs, vous avez bien fait d’éviter la piste directe pour Samaïpata. On l’a faite dans l’autre sens… on vous racontera au retour!
J’espère que vous avez solutionné le problème de diesel.
Ici, c’est la rentrée scolaire qui s’annonce. Les enfants et parents sont ravis!
Suerte !
Nico
Hello les Caracols
Oui la route directe directe pour Samaipata on en avait deja beaucoup entendu parlé par les copains croisés à Sucre … nous étions tous au garage ! On avait pris bien soin de l’éviter pourtant !
Le changement du filtre gasoil a solutionné l’allumage du voyant d’injecteur. On a pu repartir tranquille. De retour à San Jose nous avons retrouvé la famille Riche des temps que vous aviez croisé au Mexique. Encore une bien belle rencontre !
Bises
Que le vaya bien !
salut
très impressionnant le transport!!!
maintenant plus de soucis d’amortisseurs.
je vous souhaite bonne continuation.
merci,pour les photos et les commentaires.
Bises
Salut les Grains de Sel,
Ravis de voir que tout s’est bien terminé (nous avons rencontré Vadim et Camille qui nous avaient raconté vos péripéties). Bon Brésil et nos routes se recroiseront peut-être à la Paz…
Bises des OrAnGiMa